À l’aube du 6 juin, une armada de plus de 4000 navires de transport ainsi qu’environ 7000 navires humains s’engagent en direction des côtes normandes. Pas moins de 150 000 hommes -Canadiens, Britanniques, Étatsuniens, vont mener l’opération Overlord, une des batailles les plus sanglantes de la Seconde Guerre mondiale contre l’armée allemande. C’est sur les plages Sword, Gold, Utah, Omaha et Juno que la majorité des affrontements ont lieu, provoquant par la même occasion la perte des trois cinquièmes de l’armée alliée. Le Débarquement permet d’ouvrir un nouveau front contre l’Allemagne et se solde par une victoire alliée décisive.

Soixante-quinze ans après, les cérémonies de 2019 entendent mettre l’accent sur les vétérans, qui sont de moins en moins nombreux et qu’il faut donc « honorer tout particulièrement cette année » selon Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées. Le Président Emmanuel Macron prévoit de mettre l’accent sur l’action des commandos Kieffer afin de souligne le rôle des Français dans le Débarquement. Malgré le sentiment du Général De Gaulle qui qualifiait le débarquement d’anglo-saxon en raison de la place réservée aux Français l’ayant rejoint à Londres, ce Commando, rendu célèbre par le film Le Jour le plus long en 1962, insiste sur l’action et le courage des quelques soldats français ayant participé au Débarquement. La plage Omaha est aujourd’hui le lieu de remise de leurs bérets que les membres du Commando portent avec fierté à l’anglo-saxonne, fidèle à leurs origines et traditions. Le Président de la FNAME OPEX et de l’AISP était ainsi présent aux cérémonies des 6 et 7 juin 2019, en tant qu’ancien soldat et représentant d’une association œuvrant pour le maintien de la paix dans le monde.

Ces cérémonies de commémorations ont pour but de rappeler avec solennité le souvenir du Débarquement allié. Jusque dans les années 1980, les commémorations étaient essentiellement militaires, marquées par une absence de représentation des chefs d’État et donc de toute dimension politique. Ce n’est qu’en 1984 avec le Président François Mitterrand que la commémoration du 6 juin devient pleinement une cérémonie politique, où les chefs d’États sont désormais invités. Selon l’historien Olivier Wieviorka : « Dorénavant, les commémorations ne sont plus axées sur l’idée de victoire, mais sur l’idée de paix, de réconciliation et de construction européenne ». Désormais, la commémoration est beaucoup plus tournée vers l’internationale, avec un enjeu primordial de pacification des relations interétatiques.

À cet égard, l’anniversaire du D-Day rassemble les grands vainqueurs du Deuxième Conflit mondial, rappelant leur lutte pour la liberté contre l’oppression et la tyrannie. À cette occasion sont présents de nombreux chefs d’États : parmi eux le Président français Emmanuel Macron, son homologue américain Donald Trump, la Première ministre Theresa May et la Reine d’Angleterre Élisabeth II, ainsi que Justin Trudeau le Premier ministre canadien. La cérémonie internationale de Courseulles-sur-Mer du 6 juin 2019 est également l’occasion de noter l’absence du Président russe Vladimir Poutine et de la Chancelière allemande Angela Merkel, n’ayant pas été conviés cette année.

Au programme de cet anniversaire : cérémonies, défilé de la Patrouille de France, parachutages, reconstitutions de camps militaires, etc. Le samedi 1er juin 2019 a lieu un concert international pour la paix à Sainte-Mère-Église, chef-lieu de canton du département de la Manche, connue pour être l’une des premières communes de France libérée le 6 juin 1944 lors de la bataille de Normandie. Le 3 juin se déroule une cérémonie pour la paix, également située dans le département de la Manche. Tout est réuni pour fêter la libération de la France, et rendre hommage à ces plusieurs milliers de soldats morts en servant leur pays. Cette année, la commémoration semble vouloir mettre l’accent sur la nécessité du souvenir, ainsi que sur l’importance primordiale de la paix.  Souvenir et paix sont d’ailleurs intrinsèquement liés : c’est le souvenir des guerres et des atrocités qui les accompagnent qui permet d’éviter que celles-ci ne se réitèrent, et donc d’instaurer un climat international pacifié sur le long terme.

Cet hommage, symbole d’union et de fraternité des peuples pour la liberté prend cependant cette année une teinte particulière. L’ombre du Brexit plane sur la commémoration. Côte à côte, Emmanuel Macron et Theresa May – devant quitter ses fonctions le 7 juin 2019, soit le lendemain – seront dans le Calvados pour participer à la fondation d’un mémorial britannique. Ce projet, porté par les deux gouvernements et dédié à ceux qui ont donné leur vie pour défendre l’Europe, émerge alors même que le Royaume-Uni s’apprête à quitter l’Union Européenne.

De plus, la présence du Président américain met également en exergue les liens distendus qui existent désormais entre l’Europe et les États-Unis. Si le Débarquement scelle des liens fondateurs de l’ordre multilatéral d’après-guerre, ces liens s’effritent de nos jours, conséquence notamment du Brexit, mais également de la politique unilatéraliste des États-Unis.

Ainsi la commémoration du Débarquement allié, au-delà de sa mission de rendre hommage aux militaires morts pour la France et de célébrer la libération, détient un rôle fondamental dans le maintien de la paix, mission qui est d’ailleurs la raison d’être de l’AISP, et pour laquelle elle mène des actions quotidiennement. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’elle a tenu à être présente physiquement lors de ces cérémonies. D’autant plus que cette commémoration met en lumière les tensions qui opposent aujourd’hui des peuples autrefois unis pour défendre la paix et la liberté. Elle permet alors de rappeler que c’est l’union et la collaboration de ses peuples qui en période incertaine a permis d’atteindre la stabilité en Europe par le mécanisme constant et ininterrompu de construction européenne. Tous garderont en mémoire l’image de ce parachutiste américain qui a rechuté sur la plage normande soixante-quinze ans après, et plus particulièrement celle de ce couple de franco-américain s’étant aimé sur les cendres de ce débarquement et se retrouvant soixante-quinze ans après.