
« Nous sommes tous dans le même bateau. Si l’océan meurt, nous mourrons. »
— Sylvia Earle, océanographe et exploratrice américaine
Depuis plusieurs décennies, une prise de conscience s’impose : les ressources de notre planète sont limitées. Parmi elles, la plus précieuse et la plus vaste est sans doute celle que nous avons trop longtemps ignorée : les mers et les océans. Ils couvrent plus de 70 % de la surface terrestre, produisent plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons et régulent le climat en absorbant près de 30 % du dioxyde de carbone émis par les activités humaines. Ils sont un véritable poumon bleu de la planète. Les océans nourrissent également des milliards de personnes à travers le monde. Chaque année, environ 80 millions de tonnes de poissons sont pêchées pour l’alimentation. Ils fournissent aussi des ressources énergétiques cruciales : le secteur offshore représente près d’un tiers de la production mondiale de pétrole et plus d’un quart de celle du gaz.
Mais cette richesse est aujourd’hui gravement menacée. Les océans sont devenus une gigantesque poubelle à ciel ouvert. On estime qu’entre 75 et 199 millions de tonnes de plastique y ont été déversées. Ces déchets étouffent la faune marine, détruisent les habitats et contaminent toute la chaîne alimentaire – jusqu’à nos assiettes.
Face à cette urgence, les actions individuelles et étatiques ne suffisent plus. Les ONG prennent le relais sur le terrain. C’est dans ce cadre que le lundi 19 mai 2025, un partenariat a été signé entre l’AISP (Association Internationale des Soldats pour la Paix) et ODYSSEUS, une association spécialisée dans la protection et la recherche en milieu marin.
Qui sont ces acteurs engagés ?
ODYSSEUS est une association lyonnaise fondée il y a 7 ans par Lionel Rard, scaphandrier professionnel, plongeur scientifique. Aux côtés de sa directrice Manon Gomez et d’un conseil scientifique indépendant, l’équipe d’ODYSSEUS mène des opérations concrètes : nettoyages des fonds marins, actions de sensibilisation dans les écoles, recherches sur la biodiversité. Lors d’une récente opération à Meyzieu, leurs plongeurs ont retiré plus de 200 pneus en une journée, sans compter les matelas, métaux lourds et autres déchets insolites repêchés.
De son côté, l’AISP-SPIA œuvre depuis 1988 pour la réinsertion professionnelle des Casques bleus après les conflits. Car si les guerres blessent les hommes, elles détruisent aussi la nature. Les champs de bataille abandonnés laissent derrière eux des tonnes de déchets militaires, de munitions non explosées, de produits chimiques. Ces résidus polluent les sols, l’eau, l’air, et contaminent durablement les écosystèmes. L’impact est particulièrement grave en mer : depuis la Seconde Guerre mondiale, plus de 1,6 million de tonnes de munitions ont été immergées, dont 300 000 tonnes d’armes chimiques dans la mer Baltique et la mer du Nord. Ces déchets représentent un risque permanent d’explosion pour les pêcheurs et plongeurs, et libèrent des substances toxiques qui empoisonnent les écosystèmes marins.
Une mission commune : restaurer et protéger
En unissant leurs forces, l’AISP et ODYSSEUS lancent une dynamique innovante : nettoyer les mers, éliminer les armes immergées, restaurer les écosystèmes et sensibiliser la population, notamment les jeunes générations. Cette coopération mêle action humanitaire, environnementale et scientifique. Elle s’inscrit dans une vision globale : protéger à la fois les populations humaines et le vivant marin, car l’un ne va pas sans l’autre.
En somme, protéger les océans c’est garantir notre alimentation, notre santé, notre climat, notre avenir. Ce que nous faisons aujourd’hui pour les mers, nous le faisons pour les générations de demain. L’océan ne peut pas parler, mais il nous envoie des signaux clairs : il est temps d’agir. Ensemble.