La situation

L’assistance aux victimes est un domaine assez large qui comprend diverses activités successives et simultanées impliquant diverses catégories de spécialistes. Sa finalité est de réinsérer la victime dans son milieu social et professionnel. Ses principales étapes doivent être :

  • les soins de premiers secours et soins hospitaliers,
  • le soutien de psychologique et social,
  • la réinsertion économique ou professionnelle,
  • l’élaboration de la législation nationale sur les victimes des munitions non explosées et la sensibilisation de la société aux handicaps concernés,
  • les survivants des accidents de mines gardent des séquelles toute leur vie (amputations, cécité, surdité, etc…). Dans les pays où la population est pauvre, le « survivant », handicapé, demeure une charge pour la famille.

Le plus souvent, les victimes de mines qui parviennent à obtenir les soins médicaux minimum, éventuellement une prothèse, se trouvent donc, in fine, exclues par la société, parfois contraintes à mendier dans les rues.

Les survivants de mines d’Angola et du Mozambique du programme « Raising the Voices »*, présents lors de réunions relatives à la Convention d’Ottawa de 2002 à Genève, ont fait la déclaration suivante :

« Traitement, réhabilitation sociale et économique sont inclus [dans le Traité]**. Nous souhaitons, néanmoins, emphatiser sur ce traitement et la réhabilitation doivent conduire à la réintégration économique et sociale effective. Il est vrai que [les survivants de mines] préfèrent travailler plutôt que mendier ». Ils ont également rappelé les règles de base sur l’Égalité des opportunités pour les personnes handicapées : « Les États doivent reconnaître [que] les handicapés doivent être formés pour jouir de leurs droits, particulièrement dans le domaine de l’emploi » et ont appelé à plus de « formations professionnelles et programmes d’emploi ».

Hors réunion, un survivant a rappelé que de nombreux survivants ayant une prothèse, les enlèvent pour aller mendier car « la prothèse ne remplit pas le ventre ! ». Ainsi, il ne mettait pas en cause l’importance des prothèses, mais soutient que la réinsertion effective des survivants de mines doit aboutir à l’autonomie financière et professionnelle au-delà de l’autonomie physique.

* Programme qui vise à permettre aux victimes de mines de s’exprimer sur leurs problèmes face aux représentants étatiques
** Article 6, alinéa 3 de la Convention d’Ottawa interdisant les mines antipersonnel

 

Que faire pour les victimes ?

Il n’existe pas de formule unique pour l’assistance aux victimes. La création de centres de premier secours ou de transfusion sangine permet de développer le volet médical. Dans le domaine de la réinsertion socio-économique, il est possible d’offrir des formations professionnelles (secrétariat, menuiserie, artisanat, etc…) ou une assistance ponctuelle, tel le lancement d’un petit négoce (achat d’un kiosque de vente, élevage de petits animaux, achat d’outils professionnels…) ou à long terme en permettant à une victime de suivre une formation qualifiante voire tout simplement aller à l’école (voir les témoignages ci-dessous). D’autres projets, orientés vers le soutien psychologique ou vers la sensibilisation de la société, sont également nécessaire à la construction d’un processus d’aide au victimes pertinent et efficace.

L’AISP a cependant constaté de grandes lacunes en ce qui concerne les premiers secours, la réinsertion socioprofessionnelle des victimes voire dans la promulgation des lois sur l’invalidité civile des victimes de mines. L’assistance aux victimes est l’une des dispositions de la Convention d’Ottawa qui reçoit le moins d’attention et certaines de ses composantes font défaut dans la plupart des États Parties. C’est d’autant plus vrai dans les pays du Tiers Monde où les systèmes de santé sont déjà confrontés à de nombreux besoins essentiels non satisfaits et qui sont donc incapables de gérer ces handicaps graves et de nature très diverse.

Le projet de l’AISP en Angola : « OKUMEMENA KWO TSHILEMA », le sourire de la personne handicapée

Savez-vous que l’Angola a le taux par habitant de victimes et blessures par mines le plus élevé au monde ?

La situation dramatique du pays a poussé l’AISP à s’engager dans l’action. Pour mettre en œuvre ses projets d’assistance aux victimes en Angola, l’AISP a donc identifié un partenaire à Lubango, le « Clube de Jovens da Huila ». Cette association travaille depuis 1996 dans le domaine de la sensibilisation au danger des mines en collaboration avec les institutions onusiennes. La responsable du département “assistance aux victimes” est elle-même victime de mine.

L’AISP et le Clube de Jovens souhaitent créer ensemble un centre employant des victimes de mines dans les domaines suivants :

  • éducation au danger des mines par les victimes elles-mêmes, car qui mieux qu’une victime de mine peut aborder les conséquences des mines ! C’est une solution idéale pour valoriser et réinsérer la victime dans le monde professionnel,
  • travail dans le secteur du tourisme en pleine expansion dans une région pleine de richesses naturelles; le Clube de Jovens souhaite proposer la première maison du tourisme de Lubango et des environs,
  • travail dans un centre de reprographie, sérigraphie, plastification de documents. Les bénéfices serviront à venir en aide à d’autres victimes de mines de la région.